Permettre à toutes les populations du monde d’accéder équitablement aux soins sanitaires fait partie de l’un des Objectifs prioritaires du Développement Durable (ODD).
Dans cette dynamique, les organisations internationales à l’instar de l’OMS déploient des stratégies et des politiques considérables pour garantir un accès plus égal aux soins de santé et réduire par la même occasion la mortalité maternelle. Les chiffres démontrent d’ailleurs que les femmes enceinte représentent des victimes fortement touchées par ce manque ou cette absence d’accès aux soins.
En 2015, selon un rapport publié par The Lancet, sur les plus de 300.000 femmes qui ont perdu la vie pendant ou après la grossesse, la majeure partie se situait dans des pays à faible revenu.
Si ces chiffres révèlent une réalité jusqu’en 2015, nous sommes curieux de savoir, avec toutes les actions et les synergies collectives et concertées, à un niveau national, continental et international, qu’est-ce-qu’il en est réellement aujourd’hui ? Pouvons-nous espérer des avancées notables quant à une réduction des inégalités liées à l’accès à la santé et donc une baisse de la mortalité maternelle ?
Les causes de la mortalité maternelle : pays sous développés versus pays développés
Il existe plusieurs raisons qui expliquent la mortalité maternelle.
En effet, les femmes enceinte rencontrent souvent des complications pendant ou après la grossesse, ou même pendant l’accouchement. N’étant pas prises en charge sur le moment, les complications ont tendance à s’aggraver, conduisant souvent à des situations fatales.
Notons que 75% des décès maternels s’expliquent par plusieurs causes :
- hémorragie et infection après l’accouchement
- hypertension durant la grossesse
- avortement pratiqué dans de mauvaises conditions
- complications dues à l’accouchement en question
Dans d’autres cas, les complications sont liées à des maladies lorsque par exemple la femme est porteuse du VIH ou touchée par le paludisme.
Inutile de dire donc que la majorité de ces complications puise leurs causes profondes dans d’autres explications sociétales, économiques et géographiques.
C’est à se dire que selon les situations, une femme n’aura pas les mêmes chances de recevoir les mêmes soins. A ce propos, seulement “51% des femmes des pays à faible revenu bénéficient de l’assistance d’un personnel qualifié lors de l’accouchement.” En d’autres termes, les autres millions d’accouchements qui ont lieu dans ces pays à faible revenu sont pratiqués sans l’assistance médicale nécessaire c’est-à-dire sans sage-femme, médecin ou infirmière qualifiée, augmentant ainsi les risques de décès maternels. Ce qui explique très certainement que le le taux de mortalité maternelle soit “14 fois plus élevé dans les pays en développement que dans les pays développés”.
D’ailleurs, dans les pays développés, la réalité est toute autre. Les femmes n’ont pas les mêmes préoccupations que celles vivant dans les pays en développement, en tout cas pendant la grossesse. Si l’on en croit les chiffres, presque toutes les femmes vivant dans les pays développés bénéficient au moins de 4 consultations anténatales, des soins et de l’assistance adéquats par un agent qualifié pendant l’accouchement et des soins post-partum.
En 2015, seulement 40% de femmes dans les pays en développement avaient bénéficié des 4 consultations anténatales recommandées.
Outre les raisons liées à la pauvreté, il faut aussi reconnaitre qu’il y’a d’autres facteurs qui viennent alourdir le bilan et conforter les écarts entre pays développé et pays en développement : la distance, le manque d’informations, l’inadéquation des services, les pratiques culturelles …
Malheureusement, ce fléau qui touche profondément les femmes des pays en développement, ne peut être considéré isolément de la santé des nouveau-nés puisque cette dernière dépend fortement de la santé des femmes. On estime d’ailleurs que 2,7 millions de nouveau-nés sont décédés en 2015 et 2,6 millions d’autres enfants sont mort-nés.
Une prise en charge et un traitement rapides peuvent souvent faire la différence et sauver ainsi la vie des mamans et de leurs enfants. Mais, souvenons-nous que cette chance n’est pas encore donnée à toutes les femmes du monde.
Comment baisser le taux de maternalité et les écarts entre pays développés et pays en développement ?
Au niveau international des actions et initiatives sont lancées à plusieurs niveaux par de multiples acteurs.
En 2015, à l’occasion de l’Assemblée générale des Nations Unies qui s’est tenue à New York, Ban Ki-moon a lancé la Stratégie mondiale pour la santé de la femme, de l’enfant et de l’adolescent, 2016-2030.
S’inscrivant dans les Objectifs de Développement Durable, cette feuille de route mondiale a pour objectif d’éradiquer tous les décès maternels évitables en permettant aux femmes et aux enfants de bénéficier de conditions favorables à leur santé et à leur bien-être.
Parallèlement, l’Organisation Mondiale de la Santé, travaille, auprès des acteurs de la santé, à mettre fin à la mortalité maternelle.
De concert avec les autorités des différents pays, l’UNICEF met également en place des programmes de soins maternels et infantiles à domicile assurés par des agents de santé communautaire.
Dans cette même mouvance, l’Union Européenne finance des projets pour relever les défis liés à l’accès aux soins de santé notamment au travers de son programme Horizon 2020 axé sur la Recherche et l’Innovation. Très récemment, un appel à proposition a été publié afin de soutenir des projets de Recherche et Innovation ayant une ambition de faciliter l’accès aux soins notamment par le numérique.
Par ailleurs, chez Dunya-Ethic, nous considérons, qu’il n’y pas de “petite action” dans la mesure où chacun d’entre nous, chaque citoyen, à sa manière, peut participer à faire évoluer les choses.
En effet, aujourd’hui, grâce à l’explosion exponentielle des moyens technologiques, de plus en plus de personnes ont accès à l’information sanitaire. Il y’a certes certains problèmes plus épineux et profonds que les politiques doivent prendre en charge. Mais le simple fait d’avoir accès à l’information sanitaire permet d’être sensibilisé.e et de prévenir certains risques comme par exemple les grossesses précoces, ou non désirées.
Malgré les écarts considérables entre pays développés et pays en voie de développement sur la question de la santé maternelle, nous gardons l’espoir qu’avec toutes les synergies déployées à plusieurs niveaux, le gap pourrait fortement baissé d’ici quelques années. Car, depuis 2000, le taux de mortalité maternelle a baissé de 37%. Par exemple en Asie de l’Est, en Asie du Sud et en Afrique du Nord, la mortalité maternelle a chuté de ⅔.
Ndèye Aïcha KASSE