L’Afrique, malgré ses résultats économiques de plus en plus satisfaisants, reste le continent le moins développé. Sa croissance économique se renforce, mais elle reste insuffisante pour réduire le chômage et la pauvreté, estime la banque africaine de développement (BAD) dans son rapport intitulé « perspectives économiques 2019 ». Selon ces estimations, la croissance sur le continent a atteint 3,5 % en 2018 et devrait avoir grimpé à 4% en 2019.
En dépit de son énorme potentiel en ressources naturelles, la gestion en reste moins profitable pour l’Afrique puisque ces dernières sont le plus souvent exportées dans les autres continents avec des contrats mal négociés. D’ailleurs, selon les Nations Unies, entre 2015 et 2018, la valeur totale des exportations de l’Afrique vers l’Europe s’élevait à 4109 milliards de dollars américains, 5 140 milliards pour les États-Unis, 6 801 milliards pour l’Asie contre 481 milliards pour l’Océanie. Les conséquences de cette situation sont visibles dans beaucoup de secteurs d’activités. Mais, avec la dynamique du développement d’aujourd’hui, on ose croire que le développement de l’Afrique poursuit une croissance a minima durable, inclusive et viable.
Qu’est-ce-qu’une croissance économique durable ?
La croissance économique durable est une augmentation soutenue et auto-entretenue du volume de la production de biens et services sur une longue période. S’inscrivant dans le même élan que l’esprit du développement, la croissance économique durable permet de répondre aux besoins des générations présentes sans compromettre la capacité des générations futures à répondre aux leurs. En d’autres termes, « parvenir à une croissance économique durable exige que nous réduisions d’urgence notre empreinte écologique en changeant nos modes de production et de consommation des marchandises et des ressources. »
En effet, l’idée même de croissance durable ou soutenable puise ses origines dans le rapport de Meadows du club de Rome intitulé « Halte à la croissance ». Ce dernier présageait les conséquences néfastes du rythme de croissance de l’époque post « révolution industrielle » sur l’environnement et les Hommes. C’est ainsi qu’il proposait à la Société et aux États de repenser leur modèle économique et de revenir à un rythme de croissance moins soutenu et respectueux de l’environnement et de la nature, donc une croissance durable, inclusive, et soutenable.
L’Afrique a-telle vraiment intégré le pari du développement durable ?
Depuis le début de ce millénaire, l’Afrique a connu des avancées dans plusieurs domaines. Quelques pays africains à l’instar du Maroc, de l’Égypte et de l’Afrique du Sud se sont ainsi particulièrement démarqués par leurs progrès rapides en énergies renouvelables, selon le rapport de 2018 sur le développement durable en Afrique.
Même si les chiffres restent sensiblement plus élevés que la moyenne mondiale, nous pouvons dire que l’Afrique est en bonne voie de réduire son intensité énergétique. Cette baisse représente un indicateur important pour évaluer l’efficacité énergétique qui devient progressivement une réalité en Afrique notamment grâce au Burundi, en Éthiopie, au Mali, aux Seychelles, en Sierra Leone et en Ouganda. Ces derniers permettent aujourd’hui d’enregistrer des avancées positivement notables dans ce secteur. On note d’ailleurs une baisse du taux annualisé de 1,6% concernant les niveaux d’intensité énergétique en Afrique entre 2004 et 2014.
Rappelons qu’il existe des zones de la sous-région africaine qui sont plus energivores que d’autres. Par exemple, l’Afrique de l’Est est considérée comme la plus gourmande en énergie (10,4 mJ par unité de production), suivie par l’Afrique australe (9,7 mJ par unité de production), l’Afrique de l’Ouest (8,6 mJ par unité de production) et l’Afrique centrale (7,5 mJ par unité de production). La situation en Afrique de l’Est s’explique en effet par le fait que l’Éthiopie et la Somalie sont particulièrement tributaires de la biomasse traditionnelle avec des infrastructures de transport et de distribution inadéquates
Par ailleurs, dans d’autres domaines, selon l’ONU, « l’Afrique surclasse la plupart des régions du monde dans la conservation et l’utilisation durable des ressources de montagne. »
Ce qui revêt un acquis considérable (à préserver) au regard des enjeux liés au climat et à la conservation de la biodiversité. « L’Afrique, hors Afrique du Nord, affiche un Indice du couvert végétal des montagnes (MGCI) de 90 %, bien au-dessus de la moyenne mondiale qui est de 76 %, et venant juste après l’Océanie et l’Asie du Sud-Est, avec respectivement 96 % et 98 %. »
Même si dans d’autres secteurs comme la R&D et les infrastructures technologiques l’Afrique affiche une évolution relativement très timide, nous pouvons généralement affirmer que la volonté reste déterminante. Seulement, nous notons davantage d’actions plus efficaces et concrètes dans certains pays de la sous-région que dans d’autres. Comme le Rwanda qui rayonne par sa politique de croissance inclusive et durable, ou alors le Maroc, le Kenya, l’Afrique du Sud et la Tunisie qui affichent des investissements très importants dans la R&D.
Quelles recommandations ?
L’Afrique s’est inscrite dans un bel élan de croissance économique durable. Au regard des chiffres, de façon générale, l’Afrique a besoin de se renforcer dans plusieurs secteurs notamment dans l’urbanisation, l’agriculture, la science, l’innovation, la technologie, la R&D, …
Nonobstant, il est clair que même si cette émergence est certes beaucoup plus visible et notable dans certains pays africains, des recommandations générales peuvent être dressées afin de rendre plus dynamique et surtout plus large et répandue cette croissance en Afrique.
En se fixant comme objectif, de transformer les villes africaines en « villes durables et inclusives », l’Afrique se verrait inéluctablement développer et améliorer certains domaines.
D’abord, mener une réflexion stratégique en termes de développement économique et long-termiste sur les politiques d’aménagement territorial et de planification urbaine parait être un critère fondamental.
Bien entendu, au regard de tous les atouts (climat, ressources naturelles, …) profitables à l’Afrique, l’agriculture africaine pourrait devenir plus prospère qu’elle ne l’ait aujourd’hui. Ainsi, il semble primordial pour l’Afrique d’investir dans des infrastructures technologiques afin de réduire les énormes pertes enregistrées après les récoltes qui peuvent en effet aller jusqu’à 30% de la production agricole en Afrique.
Pour devenir un continent économiquement viable et durable, d’autres questions doivent également trouver des solutions durables. Il s’agit par exemple de mettre en place les moyens nécessaires à l’accès des populations rurales à une énergie moderne afin de gommer les disparités entre zones urbaines et zones rurales. Nous pouvons également parler de la nécessité de créer des liaisons pérennes et solides entre les sciences et la technologie. Car l’histoire a fini de démontrer la nécessité pour le développement économique d’une nation de renforcer l’écosystème des sciences, de la technologie et de l’innovation.
Aminata SY, Souleymane ABDOULAYE, Ndèye Aïcha KASSE