En Afrique, sur 55 pays, les 52 sont aujourd’hui officiellement touchés par le COVID-19.
Malgré les performances des systèmes de santé des pays développés touchés par la crise, nous avons tous été témoin des limites de certains pays européens comme la France ont montré leur limite face à cette pandémie.
Ce qui a d’ailleurs motivé les propos du Directeur de l’OMS qui incite le continent à prendre ses dispositions et à se préparer au pire face à cette pandémie mondiale qui est parvenue, à elle seule, à mettre à genoux les plus grosses puissances mondiales.
En Afrique, le virus ne s’est pas répandu à la même vitesse. Si dans certains pays de l’Afrique occidentale, australe, … les confirmés se comptent en centaine, au Maghreb, nous avons franchi la barre des milliers. Ainsi, face à cette situation, il serait intéressant de dresser un bilan sur la zone africaine la plus touchée par le Coronavirus, à savoir le Maghreb.
- Egypte
Le premier cas de Coronavirus a été détecté en Egypte au mois de Février 2020. A la date du 03 Avril 2020, l’Egypte était considéré comme le 59e pays le plus touché au monde en nombre de cas et le 32e pays le plus touché au monde en nombre de décès. Ce 08 Avril, le pays des pharaons confirme 1450 de cas de COVID-19 et 94 cas de décès liés au Coronavirus. La fermeture des lieux de rassemblement est décrétée jusqu’au 15 avril minimum si tout va bien : écoles, universités, lieux de cultes, musées …
- Algérie
Ce 04 avril a été diffusé un communiqué de presse pour répondre à l’augmentation des cas de Coronavirus confirmés qui ont franchir la barre des 1500. Plus exactement, c’est 1572 cas confirmés de COVID-19 et 207 décès. Suite à ce communiqué, il a été décidé “l’extension de la mesure de confinement partiel à l’ensemble des wilayas (préfectures) du pays, à l’exclusion de la wilaya de Blida (Sud d’Alger) qui demeure soumise à une mesure de confinement total”
Le gouvernement algérien a annoncé la suspension de toutes ses liaisons entre les pays européens et plusieurs capitales du Moyen-orient.
La situation est tellement inquiétante que le président AbdelMajid Tebboune a gracié 5 000 prisonniers pour désengorger les prisons.
- Le virus s’installe dans le royaume du Maroc
Adoptant la même stratégie que son homologue maghrébin l’Algérie, le roi du Maroc Mohamed VI a également procédé au graciement de 5000 détenus selon “leur âge, leur état de santé, la durée de leur détention et leur bonne conduite.” L’état d’urgence a été décrété à la mi-mars. Actuellement, le royaume est à 1275 cas de Covid-19 et 93 décès.
- Tunisie
Le confinement en Tunisie est prolongé jusqu’au 20 avril. Le nombre de cas atteint du Covid-19 s’élève à 623 cas confirmés dont 23 personnes qui ont perdu la vie.
Toutes les frontières sont fermées : plus de trafic aérien ni terrestre. Un couvre-feu entre 18h et 6h du matin est aussi de vigueur.
Quels impacts socio-économiques pour ces pays du Maghreb ?
Désormais toutes les nations sont averties et préoccupées, y compris l’Egypte qui est touchée avec la plus grande violence sur le plan social et économique
Les inquiétudes planent donc naturellement sur ce pays qui, depuis la découverte du gisement de Zohr, comptait énormément sur le pétrole pour relancer son économie jusqu’à l’apparition de cette pandémie qui la frappe de plein fouet. Connaissant malgré tout l’importance des hydrocarbures pour l’économie du pays, les Egyptiens voient le prix de cette manne chuter brutalement. Ce qui, sans doute, constitue une catastrophe pour ce pays qui, rappelons-le dépend en grande partie de ces hydrocarbures pour maintenir son économie à plein régime. Inutile de dire alors que sans ses hydrocarbures, le bon fonctionnement économique de cet État se complique. Cette crise crée en Egypte un déficit budgétaire de 8% et un taux d’endettement évalué à plus 84%.
Pas étonnant que le secteur du tourisme égyptien soit également particulièrement au point mort, comme d’ailleurs c’est le cas dans pratiquement tous les pays du monde qui luttent contre cette crise.
Cette année, selon les observateurs, l’Egypte a enregistré une perte de plus de 140 millions de dollars en seulement 12 jours de suspension du trafic aérien.
Rappelons que l’année 2020 était assez prometteuse pour le tourismes égyptien. Car, 15 millions de touristes étaient attendus dans le pays des pyramides et des pharaons. On comprend nettement que le tourisme représente à lui seul quelques 11 milliards de dollars de recettes pour les caisses de l’Etat Égyptien.
Ce même constat est valable pour l’Algérie qui voit son économie à bout de souffle. En effet, tout comme l’Egypte, l’Algérie fonde sa croissance sur la rente pétrolière. Le gaz et le pétrole représentent 96% des exportations du pays donc près de la moitié de son PIB et 60% des recettes budgétaires de l’Etat, selon la banque mondiale. Avec cette situation de crise générale, les entreprises Algériennes œuvrant dans le secteur du pétrole connaissent une véritable descente aux enfers, car sont obligées de se soumettre aux mesures de lutte contre cette pandémie du coronavirus.
Si nous prenons le cas du Maroc, avec la propagation de la pandémie, l’économie de ce pays devrait souffrir considérablement cette année de l’impact négatif de la pandémie. Le PIB réel reculerait de 1,5% en 2020. Ce qui représente la première récession frappant le Maroc depuis plus de deux décennies au point que “le déficit budgétaire global devrait se détériorer pour atteindre plus de 6% du PIB en 2020”.
A cause de la situation, il n’est pas étonnant de voir beaucoup de marocains sombrer dans la pauvreté. En se basant sur un seuil de dépenses de 5,5 dollars, nous constatons quand même une vulnérabilité assez importante de la pauvreté au Maroc, environ 25% en 2019.
En 2020, la crise du coronavirus devrait amener ce chiffre à 27%. Ce amène à une perspective pas des meilleures, c’est-à-dire un risque de voir près de 10 millions de marocains être frappés brusquement par la pauvreté.
Au même titre que l’Egype, l’Algérie souffre aussi d’un déficit budgétaire de plus 7,5% et n’est pas aussi épargné par l’endettement qui s’élève à plus de 46%.
Sans grande surprise, la Tunisie vit tout aussi un véritable paralysie économique. Comme l’Algérie, elle souffre énormément de cette instabilité sécuritaire causée par le COVID-19. Rappelons-le, le tourisme, secteur important pour son économie, fait vivre un peu plus de 400 000 tunisiens. L’ancien ministre des finances, Hakim Ben Hammouda prédit un scénario dans lequel la Tunisie perdrait 5 points du PIB et au moins 1,6 point de croissance dans le pire des scénarios.
Le secteur informel qui représente 40% de l’économie tunisienne est profondément touchée par la crise. Car, en raison du confinement, beaucoup de travailleurs dans l’économie informelle sont obligés de rester chez eux.
« Il y a aussi d’autres secteurs importants, indirectement liés à l’informel comme le tourisme avec les saisonniers et les transports qui vont être durablement touchés » nous dit l’ancien premier ministre.
Le FMI parle de 3,4 % de baisse de croissance. “Le pays va connaître sa plus forte récession depuis l’indépendance en 1956”. Même en 2011, l’année où la Tunisie connut la révolution, la croissance avait reculé de 1,9 %. Résultat : plus 160 000 chômeurs de plus, soit 800 000 au total. Ce qui va créer un des répercussions socio-économiques catastrophiques puisque le chômage n’est pas indemnisé en Tunisie, comme dans beaucoup de pays africains d’ailleurs.
Avec le déconfinement annoncé dans certains pays, et les stratégies de relances économiques mises en place par différents Etats dans le monde, sans compter les alliances, les aides internationales, … nous espérons un lendemain meilleur pour les économies de ces différents pays.
Pape Mody Kassé